Le Grover
L’édifice Grover a été construit en 1923, au nord de la prison du Pied-du-Courant et près du Stade de Lorimier, dans un quartier ouvrier rempli de petites échoppes de métiers où les artisans apportaient leurs productions aux manufactures. Dans les années 1950, l’usine employait plus de 500 personnes dans la fabrication de vêtements. Toutefois, en 1993 la concurrence internationale de plus en plus féroce conduit à la fermeture de l’usine.
À partir de 1994, l’édifice est transformé en espaces locatifs pour artistes, artisans et petites entreprises. Ses nouveaux occupants y ont trouvé une fenestration généreuse, des pièces hautes et éclairées, des planchers solides en « mill run » pouvant recevoir leurs équipements. Ils ont ainsi redonné vie au bâtiment, tout en poursuivant la tradition de création et de maintien des emplois, dans un quartier dévasté par la fermeture d’usines et la disparition d’entreprises.
C’est en 2004, lors de l’annonce du projet de transformation de l’édifice en complexe résidentiel, qu’un regroupement de créateurs se forme au cours des deux années que durent les démarches, pour protéger la vocation culturelle de l’immeuble. Malgré la vente à un promoteur privé, cette mobilisation inédite portera fruits. La mission du bâtiment est préservée grâce à l’intervention de la ville qui définit le zonage de la rue comme un secteur d’emplois. Le cas de l’usine Grover a fait couler beaucoup d’encre. Il fut l’occasion pour les autorités publiques et les citoyens de prendre conscience de l’importance des ateliers d’artistes pour la vitalité culturelle de Montréal, mais aussi de l’impact positif de la présence des créateurs dans les quartiers où ils s’installent.
L'édifice Grover, situé entre la Grande Bibliothèque et la Maison de la culture Frontenac, est aujourd'hui le bâtiment industriel du quartier qui rassemble le plus grand nombre d'ateliers de création, sur plus de 200 000 pi2. S'y trouvent également des compagnies de théâtre et de cinéma, des éditeurs, des architectes, des infographistes, des entreprises connexes de service et des groupes communautaires qui sont très impliqués dans le quartier Ville-Marie, ce qui en fait une immense ruche débordante d’activité. C'est cette mixité de travailleurs culturels et d’artistes qui font de tels lieux de véritables « pôles culturels » dans Montréal.